La Nissan Leaf, pionnière de la mobilité électrique, a 10 ans. La Leaf II est sortie en 2018, d’abord avec une version 40 kWh (270km d’autonomie WLTP) puis suivie peu après par une version 62 kWh (385km WLTP). Mais laquelle choisir, et si on a déjà une Leaf II de 2018, est-il intéressant de passer à la version « e+ » en 2021 ?
Il est question d’autonomie avant tout, d’autant plus que, en ce qui concerne les infrastructures de recharge rapides (celles qui permettent d’envisager de longs trajets en voiture électrique), nous sommes « entre deux » : le premier maillage des bornes rapides (une combinaison des bornes isolées sur autoroute, désormais majoritairement à l’arrêt, et une des bornes financées par Nissan notamment chez Auchan et Ikea) va bientôt céder la place à de véritables stations de recharge, plus puissantes et nombreuses… mais en attendant, avec un nombre croissant de véhicules électriques en circulation, les longs trajets sont parfois compliqués. Pour répondre à ces questions, Christopher, adhérent à Leaf France Café et propriétaire d’une Nissan Leaf 40 kWh en finition « Tekna », a sollicité l’avis de Nissan France. De nombreuses concessions de la marque offrent des bornes de recharge, et cela devrait se renforcer davantage pour anticiper l’arrivée de la nouvelle Nissan Ariya. En effet, un déplacement entre Sénart (en Ile-de-France) et Valognes (Manche) prévu depuis longtemps s’annonçait compliqué : avec le couvre-feu, l’accès aux Ikea n’était pas garanti, le maillage sur l’autoroute A13 était quasiment inexistant, et les zones à franchir était à la limite de l’autonomie avec pannes signalées sur les bornes sur Chargemap. Dans ce contexte, Nissan a fait un geste exceptionnel : un prêt d’une Leaf 62 kWh, édition 2021 et en finition « Tekna ». Est-ce que c’était la solution ? Quelles évolutions depuis 2018 ? Premières impressions de la Leaf « e+ » (l’autre nom de la version 62 kWh…) : un écran tactile plus grand, plus clair, et un logiciel et une cartographie bien plus réactive. La visibilité en 360° avec les caméras (tel un drone au dessus), déjà présent sur la Tekna 40, était toujours aussi efficace, mais cette fois-ci (grâce à une nouvelle caméra sur la vitre
arrière), le rétroviseur peut basculer en mode écran. Idéale quand la tablette arrière est chargée des vestes en hiver ! Le volant est d’ailleurs désormais réglable dans tous les axes, il y a plusieurs prises USB-A et USB-C (à l’avant et à l’arrière).
En conduite, on ne sent pas le poids de la batterie 62 kWh. On passe de 150 CH à 217 CH. Depuis 2018, le système « ProPilot » a gagné en confiance, on sent que la voiture est encore plus sûre de sa direction. Et puis… Habitué à 270km à 100% de charge, cela fait étrange de voir une autonomie annoncée supérieure à 400km ! Néanmoins, ce poids additionnel fait grimper légèrement la consommation : hors autoroute, Christopher obtient entre 12-14kWh/100km, et sur autoroute autour de 17kWh/100km (en roulant majoritairement à 110km/h, même s’il s’est autorisé plusieurs dizaines de kilomètres à 130km/h pour respecter le couvre-feu). Cela rajoute donc entre 1-2 kWh pour 100km, ce qui paraît très raisonnable au vu de la sérénité offerte par cette déclinaison de la Leaf.
Et ça tombe bien : pour l’aller, Christopher choisit de passer par la N12 puis remonter vers Caen à partir d’Argentan, où se trouve une borne rapide (car sur l’A13, c’est le désert). Le temps est limité : un test antigénique impose un départ à 11h, une arrivée
avant 18h, et 400km entre les deux. En principe, très (trop) juste avec la Leaf 40 car aucune borne rapide avant (sauf vers le départ, mais inutile car trop tôt). Arrivé à Argentan, c’est le drame : la borne est libre, reconnaît la carte, mais ne délivre aucune électricité ! Mais la Leaf 62 avait encore de la marge : 25% et 100km annoncés. Direction Falaise : cette fois-ci, la borne est libre et elle fonctionne. On charge à 43kW et on continue « au max » pendant longtemps, sans effet sur la température de la batterie : en effet, même en l’absence d’une régulation thermique active, elle « encaisse » une puissance élevée plus longtemps (on prend plus de kilomètres en un peu moins de temps). De plus, remplir la batterie à 50% suffisait largement pour les 140km restants. Coût de la recharge : 1€26...
Là où la Leaf 40 aurait nécessité 2 recharges de 30 minutes (jusqu’à 80%), la Leaf 60 n’avait besoin que d’un arrêt d’une trentaine de minutes, le temps de faire une pause. Et on a pu traverser une des nombreuses zones blanches, sans bornes rapides fonctionnelles, en toute tranquillité dans une voiture confortable. Arrivés à destination, qu’il s’agisse d’une Leaf 40 ou 62, on peut aisément recharger chez nos hôtes grâce à l’adaptateur prise domestique fournie de série. Forcément, il faut plusieurs heures de plus pour remplir une batterie avec plus de capacité, mais déjà dès le matin, nous avons de quoi rayonner dans tout le Cotentin (tant mieux, car là encore, il manque cruellement de bornes rapides). Pour le retour, on repart donc avec 400km devant nous, mais cette fois-ci nous allons emprunter l’A13. Il y a une borne à mi-parcours, à Bosgouet Sud (la seule qui fonctionne !), à 2h de route, donc nous partons à 10h afin d’arriver à 12h. Rouler à 110km/h ne change pas énormément le temps de trajet, à peine quelques minutes de plus. Nous arrivons sur la borne, elle est libre, mais démarrer la charge CHAdeMO s’avère un peu pénible avec un connecteur côté borne qui est usé mécaniquement… mais ça marche. Nous en profitons donc pour passer de 20% à 80% afin de terminer le trajet avec une seule recharge, le temps de déjeuner. Pendant cet arrêt, de nombreuses autres voitures électriques et hybrides rechargeables arrivent. Nous avons eu de la chance ! Clairement, il est urgent de voir se réaliser le plan de 100000 bornes, notamment les stations rapides pour lever cette dernière contrainte. Et la Nissan Leaf attire l'œil (comme à chaque arrêt d’ailleurs). De nombreux autres automobilistes s’approchent : “combien coûte la recharge ?”, “pourquoi il n’y a pas plus de bornes ?”, “quelle autonomie ?”, “conduire une électrique, c’est comment ?”. On sent l’intérêt, on en devient ambassadeur, et l’essayer, c’est l’adopter ! Une fois la pause terminée, un petit coup d'œil sur la jauge de température confirme que la batterie est restée à température ambiante. Les 200km restants sont rapidement avalés. Le temps total du trajet est très proche du temps total autrefois en thermique (avec une pause une fois toutes les 2h, ce qui s’impose de toute façon quand on voyage en famille). C’est faisable en temps normal avec la Leaf 40, en prenant un peu plus de temps et 2 pauses et non pas 1. Mais là, avec autant de bornes indisponibles, avec le couvre-feu, ce beau geste de Nissan a fait toute la différence. En thermique, nous aurions pu gagner peut-être 20-30 minutes, mais avec les bruits, les vibrations, et les émissions en plus… et bien sûr, la facture pour le carburant et l’entretien. Par ailleurs, la voiture a pu se recharger toute seule (en descente, en freinage) sur 26km cumulés, soit 5,1 kWh.
EN CONCLUSION: La Leaf 40 reste une très bonne voiture électrique. Elle est plus économe à l’achat et en carburant, permet malgré tout de longs trajets avec son autonomie correcte, et une fois les nouvelles stations de recharge construites, cela conviendrait à beaucoup d’usages. Mais là, clairement, la Leaf 62 offre une meilleure polyvalence avec un écart de prix qui se réduit avec le temps. On retrouve un confort qui répond aux attentes de la plupart d’automobilistes qui hésitent encore, avec les économies en carburant et en entretien qui vont avec. Déjà une berline compacte avec beaucoup d’atouts, on ne pourrait souhaiter que quelques améliorations à la marge, qu’il s’agisse de la 40 ou de la 60 : une option de chargeur triphasé, pour assurer sa polyvalence et pérennité en attendant une densification des réseaux de recharge ; une prise 220V pour les sorties en famille ou pour une utilisation professionnelle ; et vu qu’elle est bardée de caméras à l’avant et à l’arrière, possibilité de sauvegarder (telle une dashcam avant/arrière) tous les souvenirs en cours de route (et contribuer à la sécurité routière).
Très intéressant ce parcours, ça me conforte dans l'idée que l'on peu faire de la route avec la 60, cet été je pars de Blois à Bayonne qu'elle bonheur de le faire en électrique.